20 avril 2008
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Les principales références de cette introduction sont empruntées à André Dumaine et proviennent du site ci-dessous :
Quelques définitions et un peu d’histoire :
HAIKU
C'est à Basho (1644-1694) que l'on attribue la fragmentation du tanka ou du poème lié (les opinions diffèrent selon les spécialistes), c'est-à-dire la pratique d'écrire un hokku sans souci d'enchaînement. Bien longtemps après Basho, Shiki (père du haïku et du tanka modernes, 1867-1902) donne un nom à ce "chaînon" isolé: haïku (haïkaï-hokku).
Basho :
Qu'est-ce donc que le haïku? C'est un poème sans mots, c'est-à-dire très bref, un tercet d'habituellement 17 (5/7/5) syllabes. Il contient une référence à la nature (kigo), à une réalité non seulement humaine. Sobre, précis, subtil, dense, sans artifice littéraire, il évite les marques habituelles du poétique, telles la rime et la métaphore. Loin du grand souffle lyrique occidental, le haïku peut sembler anodin au premier abord; en fait, il est banal ou sublime, tout se jouant sur la corde raide tendue entre le poète et le lecteur.
Juxtaposition de l'immuable et de l'éphémère. Légèreté humoristique désamorçant tout pathos. Art du détail. Fragment de vie, de souvenir, de rêve. Lire et écrire des haïkus, c'est découvrir une conception autre de la poésie. [ … ]. Le haïku est un poème concret, une poésie des sens et non des idées. […]
D'une sensation qui peut être une expérience unique et, éventuellement, donner naissance à un texte élaboré recréant un certain univers, le haïkiste, dans son poème à la fois bref et ouvert, ne garde que le flash initial. C'est là son défi, c'est là son art.
HAIKUS JAPONAIS CLASSIQUES : Exemples
Dans le vieil étang
Une grenouille saute
Un ploc dans l'eau!
Basho
Tout a brûlé
heureusement, les fleurs
avaient achevé de fleurir.
Hokushi
Cet automne
Je n'ai pas d'enfant sur les genoux
Pour contempler la lune.
Onitsura
Le voleur
M'a tout emporté, sauf
La lune qui était à ma fenêtre.
Ryokan
Quand elle fond,
La glace avec l'eau
Se raccommode.
Teitoku
Une grenouille saute
Un ploc dans l'eau!
Basho
Tout a brûlé
heureusement, les fleurs
avaient achevé de fleurir.
Hokushi
Cet automne
Je n'ai pas d'enfant sur les genoux
Pour contempler la lune.
Onitsura
Le voleur
M'a tout emporté, sauf
La lune qui était à ma fenêtre.
Ryokan
Quand elle fond,
La glace avec l'eau
Se raccommode.
Teitoku
HAIKUS FRANÇAIS : EXEMPLES
Ce bouquet de fleurs
aplati dans la grand-rue
pour qui était il?
Patrick Blanche
A moitié petite,
La petite
Montée sur un banc.
Paul Éluard
Durant la sieste
nous étions ennemis farouches
la mouche et moi
Bruno Hulin
A petits coups de crocs
La mer mordille
Les jambes des baigneuses
Alain Kervern
¤
TANKA
aplati dans la grand-rue
pour qui était il?
Patrick Blanche
A moitié petite,
La petite
Montée sur un banc.
Paul Éluard
Durant la sieste
nous étions ennemis farouches
la mouche et moi
Bruno Hulin
A petits coups de crocs
La mer mordille
Les jambes des baigneuses
Alain Kervern
¤
TANKA
Le tanka est la forme poétique classique la plus ancienne et on la retrouve dès les premières anthologies japonaises; ainsi, il y en a 4,170 dans le Manyôshû (vers 760).
Le tanka est un poème à forme fixe construit en deux parties, la deuxième venant comme réponse, ou relance, à la première; cette première partie est un tercet de 17 (5/7/5) syllabes et la deuxième est un distique de 14 (7/7) syllabes, ou vice versa. Si ces deux parties sont généralement écrites par un même poète, il n'est pas rare de voir des tankas écrits par deux poètes. Le tanka classique n'était pratiqué qu'à la Cour impériale; il est toujours considéré comme la forme la plus élevée de l'expression littéraire. Poème lyrique, exquis, raffiné, il explore des sentiments "nobles", tels l'amour, la solitude et la mort, selon un ensemble de règles des plus sophistiquées.
TANKAS JAPONAIS CLASSIQUES
À quoi comparer
Notre vie en ce monde?
À la barque partie
De bon matin
Et qui ne laisse pas de sillage.
Manzei
L'éclair est fugitif
Qui illumine les épis
Des rizières d'automne.
Même pour un instant aussi court
Je ne saurais t'oublier.
Anonyme
Parce qu'en pensant à lui
Je m'étais endormie
Sans doute il m'apparut.
Si j'avais su que c'était un rêve
Je ne me serais certes pas réveillée.
Ono no Komachi
À mon grand regret
Je ne puis me partager en deux
Mais, invisible,
Mon coeur vous suivra
En tous lieux.
Ikago no Atsuyuki
Notre vie en ce monde?
À la barque partie
De bon matin
Et qui ne laisse pas de sillage.
Manzei
L'éclair est fugitif
Qui illumine les épis
Des rizières d'automne.
Même pour un instant aussi court
Je ne saurais t'oublier.
Anonyme
Parce qu'en pensant à lui
Je m'étais endormie
Sans doute il m'apparut.
Si j'avais su que c'était un rêve
Je ne me serais certes pas réveillée.
Ono no Komachi
À mon grand regret
Je ne puis me partager en deux
Mais, invisible,
Mon coeur vous suivra
En tous lieux.
Ikago no Atsuyuki
¤
RENKU ou « poème lié »
Le poème lié est une forme étrange pour les Occidentaux. La première caractéristique du poème lié est qu'il s'écrivait avec la collaboration de plusieurs poètes réunis en un même lieu pour une séance d'écriture, ou plutôt pour une joute dans laquelle chacun intervenait à tour de rôle. En Amérique, un renku se fait généralement par téléphone, par la poste ou encore par courrier électronique.
Deux autres caractéristiques. La forme est fixe; le premier chaînon et les chaînons impairs sont des tercets de 17 (5/7/5) syllabes, et le deuxième chaînon et les chaînons pairs sont des distiques de 14 (7/7) syllabes. Traditionnellement, un renku est constitué de 36 chaînons, 36 haïkus en quelque sorte, et est appelé kasen. La construction est non linéaire et sans plan logique, chaque chaînon ne répondant qu'au chaînon précédent: ainsi, le chaînon "B" répond au chaînon "A", et, oubliant "A", "C" répond à "B". Un renku se donne à lire comme une suite, à la fois liée et indépendante, de tankas. […] Tout l'art du poème lié réside dans l'enchaînement et le jeu gagne en complexité selon le degré de connaissance et d'habileté des "joueurs". […] Si le temps requis pour la composition d'un de ces poèmes est de deux à quatre heures, le temps alloué à l'écriture d'un chaînon n'est que de quelques minutes.
Texte original de André Duhaime (Copyright © 1996)
BIBLIOGRAPHIE
ATLAN (Corinne) et BIANU (Zéno), Anthologie du poème court japonais, Paris, Gallimard, collection « Poésie », 2002
BASHO, Le Manteau de pluie du Singe, Paris, P.O.F., 1986.
BLANCHE, Patrick, Le chat a des souvenirs de jungle. Approche du haïku de chez nous, Nyons (France), La Voix/e du Crapaud, 1995.
DUHAIME, André, Haïkus d'ici, Hull, Asticou, 1981.
DUHAIME, André, Cet autre rendez-vous, Orléans (Ontario), David, 1996.
HARDY (Jacky), Haiku, poésies anciennes et modernes, Trad. Bernard DUBANT, Paris, éditions VEGA, 2003
HIGGINSON, W. J., The Haiku Handbook, New York, McGraw-Hill, 1985.
MINER, E. R., Japanese Linked Poetry, An Account With Translations of Renga and Haikai Sequences, Princeton, Princeton University Press, 1979.
RENONDEAU, G., Anthologie de la poésie japonaise classique, Paris, Gallimard, coll. "Poésie", 1988.
SIEFFERT, René, Le Haïkaï selon Basho, Traité de poétique, Paris, P.O.F., 1983.
VANDE WALLE, Willy, "Vitalité d'un art secondaire: le haïku" et "Le tanka en quête de sa modernité" dans Littérature japonaise contemporaine, sous la direction de Patrick DE VOS, Labor, Bruxelles / Philippe Picquier, Paris, 1989.
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