13 février 2010
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18:00
Rivière jaune
Sur la rivière jaune il y a des poissons,
Ventre en l’air et nageant sur le dos pour changer ;
Un enfant s’est penché sur ce flot argenté,
Pour y remplir son seau de liquide poison.
Sur la rivière jaune, attardées, les images
D’immeubles effondrés, se troublent dans la boue ;
J’y ai vu un enfant tenir encor debout
Qui cherchait ses parents au-dessous des nuages.
Sur la rivière rouge au gré du ciel couchant,
La peur bleue se répand de la nuit qui approche ;
Où va dormir ce soir ce petit de Gavroche,
Et quels bras vont bercer le sommeil des enfants ?
Sur la rivière noire assoupie par la nuit,
Je cherche en vain la Lune, en ses reflets brisés ;
L’obscur a triomphé, le nuage est passé,
Plus un rire d’enfant –et le monde est sans bruit.
7 avril 2008
Musique
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Bris de vers
21 novembre 2009
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23:03
Silence d'un soir d'été de Jean-Noël Delalande
Musique
Agonie du soir
Dans l’agonie d’un soir,
Une main cherche à vide
En tâtonnant le noir,
Portée d’espoir avide.
Absurdité du port
Battu par un vent d’est,
Les hommes sur leur corps
Ont refermé leur veste.
Et la mer qui respire en poitrine de femme,
Vaste et qui attend !
Que faire alors du temps
Que regarder la cendre, imaginant la flamme ?
A la nuit, l’âme pèse,
Elle écrase les ombres
Dans un silence obèse,
Où nos navires sombrent.
Sacrilège du cri quand le silence vit,
Mémoire de nos bruits ;
Sortilège du vent
Qui porte les absents.
Allons, regarde-moi,
Brise un peu ce regard
Cerné de toutes parts,
D’une pointe de toi.
Théo
Novembre 2009
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Bris de vers
25 octobre 2009
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00:40
Faute d'inspiration, un texte ancien inédit sur ce blog ... imparfait mais sans retouche
Par amour
Musique
Pour les larmes que pose
Entre le cœur des roses
L'aurore de tes yeux ;
Pour la rosée d'amour
Qui perle au coin des cieux ;
Par les croix de ce jour
Dont les ombres s'allongent
Quand pâlissent les songes ;
Par l'haleine des chevaux
Qui nimbe de cristaux
La tête des roseaux ;
Pour l'élan triomphant
De la mère éreintée
Par le poids de l'enfant ;
Par ma femme clouée
Sur la grand croix des ans,
Dans le temps apaisant ;
Pour la grâce épandue
De la forme étendue
De ta chair éperdue ;
Par les peurs de la nuit,
Aux faubourgs de l'ennui
Et ma tête qui tourne
Quand ton coeur se détourne ;
Pour l'émoi de tes seins
Que la lumière ceint ;
Par la Lune qui craint
Que s'ouvrent tes écrins
De rivale comblée ;
Par Marie, par les saints,
Par les anges tombés ;
Pour la saveur des heures
Au goût d'éternité,
Pour la félicité ;
Pour ces amours glanées
Dans le champ du bonheur
Par le bras des années ;
Par la prière immense
De cette mer qui danse
A l'orée de ton corps ;
Pour ta beauté encor
Que mon regard dérobe ;
Par le parfum de l'aube
Qui met des ourlets d'or
Aux basques de la nuit ;
Pour la vie,
Par amour,
Que se lève le jour !!
Théo
2003
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Bris de vers
15 juillet 2009
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Toi et moi ... et Venise
Deux vieux adolescents en Venise gondolent
Au sillon de lagune, là où danse la lune.
Il se penche sur elle et lui dit « mon amour ».
Ils se sont rencontrés sans jamais se toucher
A la Seine tranquille, sur les quais de la ville.
Elle accepta sa main et lui dit « pour toujours ».
La haine et la morale ont dressé leurs murailles
Entre ces amoureux ; pourtant, vaille que vaille,
La nuit les réunit et le temps les bénit.
Deux vieux adolescents, dans Venise alanguie
Ont triomphé du temps, la Lune leur sourit.
Toi et moi, enfin nous, nous serons ces deux fous.
Théo
1er mars 2007
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Bris de vers
5 juillet 2009
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01:14
MUSIQUE
L'oiseau-moqueur
L'émeraude dansait à longueur de lagon,
Sur sa peau de café je reposais mon cœur
Insouciant du rire de l'oiseau-moqueur
Qui déjà du bonheur calculait la rançon.
L'oiseau avait raison :
A quoi bon ces serments qu'on écrit sur la peau,
Ventre ouvert, les yeux clos,
Et le huitième ciel au-dessus de son dos ...
Le temps aura leur peau.
Quand le temps bat l'amour par dix buts à zéro,
Et que l'on bâille au bras de son alter ego,
Il nous reste la nuit
Pour rêver notre vie.
Et la nuit je te dis :
Accorde ton cœur las sur le la de mon cœur,
Pour m'aimer, rien de plus,
Pour m'aimer un peu plus ;
Pour grandir au bonheur,
Loin du feu résigné
Et des cendres comparses
Des serments calcinés
De nos amours éparses.
Theo
Juin-juillet
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Bris de vers
1 juillet 2009
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11:15
Faute d'inspiration, je me rabats sur les "vieux" textes. L'oubli est le triomphe de la mort, alors je n'oublie pas.
Toi, quand tu chantais
Toi, quand tu chantais, la maison souriait ;
L'enfant aux yeux mouillés oubliait de pleurer
Et s'en venait offrir son front à tes baisers.
Toi, quand tu chantais ; toi, quand tu vivais.
J'entends encore le bruit de ces trois bracelets,
Un pour moi, deux pour eux, aujourd'hui dispersés.
C'est le dernier soupir que tu nous as laissé :
Le chant du bracelet, quand tu nous as quittés.
Toi quand tu parlais du Père dans les cieux,
Lumière dans les yeux, tu disais : il m'attend.
Nous aurions bien aimé qu'il prenne un peu son temps :
Il y a des aurores qui peinent à croire en Dieu.
Toi, quand tu riais et que tes yeux brillaient,
Toi, quand tu aimais jusqu'au bout de tes forces,
Toi quand tu pleurais entre l'arbre et l'écorce,
Toi, quand tu souffrais et que mon cœur criait.
Ce piano muet a conservé ton âme,
A son clavier sans doute l'empreinte de tes doigts ;
Chopin n'est pas très loin lorsque je pense à toi.
Toi, quand tu jouais, tu en tirais des larmes.
Toi, quand tu chantais, la maison souriait ;
L'enfant aux yeux mouillés oubliait de pleurer
Et s'en venait offrir son front à tes baisers.
Toi, quand tu chantais ; toi, quand tu vivais.
Théo
2003
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13 juin 2009
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Je suis un roseau fier
Le mensonge de l'aube effleure ma paupière,
Chasse un rêve que ma mémoire tresse.
J'ai le temps, rien ne presse.
Au jugement des jours la vérité pâlit,
Mon Dieu qu'elle était fière !
Vos corps quittent mon lit.
Le cercle des toujours se brise au mur du temps,
Le parfum de l'antan
Flotte au coin du silence.
Je n'ai que toi, si loin, dans le cri de l'été,
Qui me tienne debout,
Qui me parle de nous.
Je suis un roseau fier
Qui penche vers hier
Quand l'incline le vent.
Théo
Juin 2009
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5 juin 2009
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12:17
Reflets de dunes
Musique
Nous fîmes un chemin au travers de la dune,
Ombres précipitées devant nous par la lune.
Il n'y avait de vrai que la course du vent,
Et l'instant qui fuyait, l'amour toujours devant.
Nous crûmes à la nuit, en parole d'étoiles,
Aux lumières brisées qu'elle seule dévoile.
Il n'y avait de vrai que le bris de la mer
Qui récite en secret son chapelet amer.
Nous fûmes ces deux-là, confondus en un seul,
Sachant bien qu'au matin, à l'étoile fermée,
La vérité du monde éployant son linceul,
Nous irions à la main une rose fanée,
Ne restant plus de nous que deux cris séparés,
Ne regrettant de nous que notre obscur reflet.
Théo
Juin 2009
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29 mai 2009
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19:20
Maman
Maman, oh ! Maman, il y a si longtemps
Que je n’ai plus pris le temps d’ouvrir ton souvenir,
Si longtemps que le vent ne porte plus ton rire …
Et pourtant …
Ces images me restent :
Tu me sortais de l’eau, c’était le jour du bain,
Un long jour de chaleur comme je les aimais,
Car je me réfugiais frémissant sur ton sein
Frissonnant…
… Une bombe explosant à la porte du soir,
Et ses éclats de mort partout nous entourant ;
Tu me pris par la main pour me donner à boire,
Calmement …
… Ecoutant la radio, retour au continent,
Tes larmes pour mon frère envoyé au combat :
Embuscade ce jour et mort de dix soldats
Innocents …
Bien plus tard, j’étais grand, mais tes bras plus encore
Pour m’accueillir pleurant sur mon premier amour,
Pour étoiler la nuit qui tombait sur le jour,
Tendrement …
Mon premier souvenir et le plus étonnant :
Je buvais sur ton sein, accroché à ta vie,
Image indélébile que l’amour a saisie !
Oh, Maman …
Tu étais si petite au marbre froid dormant,
Pour le dernier adieu de ton dernier enfant…
Mais que tu es grande au tombeau de mon cœur,
Maman.
Théo
Mai 2008
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8 mai 2009
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19:44
Eveil
Alexandrins
Le chant pionnier du coq éveille la vallée
L’oiseau soupçonne l’aube et vient la saluer
C’est l’heure où l’air frémit du réveil d’ici-bas
La rosée s’éprend des brins d’herbe qui ploient.
Les fleurs ouvrent les bras comme toi à l’aurore
Sur les draps patients je découvre ta soie,
Silencieuse offerte et parfumée de toi,
Mémoire du plaisir dont l’émoi dort encore
La douceur de ma bouche éveille ta vallée
Ma vie poinçonne l’aube et vient te saluer
C’est l’heure où tu gémis, vermeille, dans mes bras,
La roseur se répand, ô ton superbe émoi !
Ta fleur ouvre les bras et m’invite à la mort
Sous tes doigts affolants je perds un peu de moi
Silencieuse offrande à laquelle tu bois
Ciboire du plaisir à tes doigts dur encore.
Je mets un trait d’union entre ton ciel et moi,
La phrase de ta chair enrichie de mon dard,
Balbutie ton émoi dans un spasme sans fard …
Tes ongles sur ma peau gravent en sang ta loi.
Théo
10-11 mai 2007
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