Soif
Pleurant la fin de ma naissance et le début de ma vieillesse
Je sortis nu d’un sein d’ivresse
Pour traverser sans bruit l’enfance
Dans un désordre d’aube pâle où meurt hier, où point demain,
Un poing crispé pour toute main,
Je descendis de mon étoile.
Je savais perdre tout espoir dès lors que vivant l’éphémère,
Coupé du ventre de ma mère,
Et l’univers pour mon miroir.
Trompant la mort avec l’amour, filant le temps, tissant la vie,
Je m’inventais des mots impies
Comme « éternel », comme « toujours ».
Je survolais par nuits sans lune un archipel de terres vierges,
Y tenant allumés des cierges
Pour réchauffer de sombres dunes.
Le bonheur dort dans ma mémoire au fond des draps du souvenir,
Le retrouver, le retenir,
A sa fontaine encore boire !
Théo
Juin 2008