Mon Père
Février balbutiait et mon père mourut
Sans avoir pu redire un « je t’aime » à ma mère ;
Une lumière sombrait au-delà de la mer :
Papa, tu m’as manqué, toi que j’ai pas connu.
Au lit de la Durance, on a pris quelques pierres
Sous le ciel de Provence, pour un petit tombeau,
Tumulus de silence que veillent les corbeaux ;
Le ciel de ton enfance, qui prolonge la mer.
C’est depuis que Maman, en ce mois de misère,
Avait les yeux brillants et le cœur en hiver ;
C’est depuis que coulaient, en ce mois sépulcral,
Echappées de ses yeux, des larmes de cristal.
C’est depuis que je suis, comme tu le fus avant,
Un amant malgré tout et un enfant du vent ;
Car c’est dans son souffle que ton amour chuchote
Et mes mots les plus beaux sont issus de ta hotte.
Février balbutiait et dans mon biberon,
Je voyais des yeux bleus tristes et profonds …
Celle que tu connus au-delà de la mer,
Celle qui t’a suivi désormais sous la terre.
Théo
2003
Musique